"Nous devons faire en sorte que la fraternité ne soit pas la grande oubliée de notre devise républicaine".

Thierry Cuenot

Thierry CUENOT, engagé professionnellement depuis 20 ans dans le milieu associatif, revient sur la gestion de l'aide aux plus démunis pendant la crise sanitaire et sur les nouveaux défis auxquels fait face le secteur de l'engagement.

Quelles ont été les conséquences de la pandémie sur l’aide aux plus démunis ?

Le premier confinement a été une réelle surprise à laquelle n'était pas tout à fait préparé le secteur associatif. Après 20 ans d’expérience professionnelle dans le secteur associatif, je n’ai jamais été autant marqué que par ces rencontres avec les SDF en situation de grande pauvreté qui se retrouvaient seuls dans des rues désertes.

Du jour au lendemain, la majorité des distributions alimentaires s'était arrêtée et les associations manquaient de bénévoles. En effet, celles-ci comptent souvent sur l'aide de personnes bénévoles retraitées qui ne voulaient pas prendre le risque d'être contaminées. Impossible également pour les personnes sans-abri d'accéder aux toilettes des bars et des restaurants, comme elles le faisaient avant, ou de s'accorder un moment de repos dans un bus, un métro ou une bibliothèque, un accueil de jour. Difficile également pour celles qui font la manche de continuer à mendier lorsque les rues sont vidées et qu'une partie de la population est touchée par la crise.

On se rend peu compte de ces chiffres mais près de 300 000 personnes en France sont tributaires chaque jour de l'hébergement d’urgence, dont environ 4 000 à Paris.

Quelle réponse avez-vous pu y apporter ?

Les associations ont réussi rapidement à travailler entre elles et à s'adapter aux recommandations sanitaires avec l’aide de nombreux bénévoles plus jeunes, actifs, étudiants, salariés au chômage partiel ou chômeurs de longue durée. L’Etat a également ouvert des places d’hébergement supplémentaires, et a mis à disposition des associations de très nombreux chèques alimentaires d’urgence.

Depuis le début de la crise sanitaire, nous notons qu’un nombre croissant d'habitants se disent prêts à aider les personnes les plus démunies. Il y a selon moi un véritable enjeu pour que les conseils de quartier, en proximité immédiate avec les habitants, s’approprient désormais davantage ces sujets en proposant des projets soutenus par le budget participatif.

Quelles sont les actions que vous portez pour renouveler l’engagement aujourd’hui ?

L’engagement bénévole est soumis aux mêmes évolutions que la société. Le phénomène de digitalisation nous conduit ainsi aujourd’hui à développer une nouvelle forme d’écrivain public : l’ « aidant numérique ». Il est fondamental d’accompagner et de former les bénévoles pour répondre à ces nouveaux enjeux.

Près d’un Français sur cinq se considère en difficulté dans son accès au numérique et on estime à 5 millions le nombre de personnes qui vivent une fracture numérique, qui vient d'ailleurs le plus souvent s’ajouter à une exclusion sociale. Si la digitalisation simplifie la vie de certains, le numérique peut parfois être une nouvelle difficulté dans un parcours d’insertion, qu’il s’agisse par exemple d’ouvrir ses droits sociaux, renouveler ses papiers ou accéder à l’information. 

Comment développer l’engagement dans notre société ?

Je crois beaucoup au potentiel du développement de l’intergénérationnel dans l’engagement associatif.

La place des jeunes dans les associations est primordiale, pour répondre à leur envie croissante d’agir et pour répondre au défi du renouvellement. Au cours de cette crise sanitaire, les mesures spécifiques imposées au plus de 65 ans ont mis certaines associations en réelle difficulté. Spontanément, certaines associations se sont posées la question de leur rajeunissement. Mais nous n’avons rien à gagner à opposer les générations les unes aux autres. L’enjeu est davantage de développer les coopérations intergénérationnelles, en favorisant le parrainage ou le mentorat. Des pistes intéressantes existent également pour promouvoir l’alternance dans les métiers du social, les stages longs. Tout cela permet de renforcer les logiques de co-responsabilité, de transmission et de partage des compétences. 

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