"Passer d'animal à humain", visite d'une bagagerie solidaire
Pour mieux se rendre compte des besoins concrets SDFs, Mme Maud Gatel s'est rendu dans la bagagerie solidaire de Paris Centre
Tout d'abord nous souhaitons remercier l'association Mains Libres pour son engagement de tous les jours auprès des SDFs et d'avoir pris le temps de nous accueillir lundi matin.
Concept:
Une bagagerie solidaire est un espace sécurisé où les usagers peuvent déposer leurs affaires principalement papiers, vêtements et souvenirs sans à avoir à s'en soucier.
Concrètement à Paris Centre, l'association mains libre met à disposition 50 casiers à des SDF afin qu'ils puissent déposer leurs affaires. Chaque jour (y compris lors de Noël ou autres jours fériés), la bagagerie est ouverte de 7h à 9h et de 20h à 22h.
La co-gestion, clé de voute du fonctionnement:
Co-gestion avec les usagers qui participent au bon fonctionnement de l'association, ils sont dans le conseil d'administration et gérent des permanences en tandem avec des bénévoles plus classiques (ADF).
Co-gestion avec 5 autres associations locales d'aide aux SDF qui pré-sélectionnent les SDF et se chargent de réaliser le suivi social. La bagagerie se veut être un lieu de vie mais n'a pas pour but d'accompagner les usagers dans leurs démarches administratives.
Deux grandes constations:
1. Posséder son propre toit reste la mère de toute les batailles. Les usagers présents nous ont indiqué que leurs besoins étaient relativement bien pourvus (distribution de nourriture, accès aux piscines et aux bibliothèques de manière gratuite, désormais bagagerie pour leurs affaires) mais qu'avoir un abri sûr était leur point bloquant. Observation logique et banale, mais à toujours avoir en tête.
2. Les locaux sont le principal obstacle à l'implémentation d'une bagagerie. Cela est dû à deux facteurs :
a. Trouver un emplacement à Paris, les bailleurs bien que sociaux sont avant tout des bailleurs donc avec une logique de rentabilité. Mains libres nous a néanmoins indiqué payer un loyer conséquent (grâce à une subvention de la mairie de Paris).
b. Faire accepter aux riverains la création de la bagagerie. Grâce à l'appui de feu la mairie du 1er et de nombreuses réunions publiques, l'association mains libres a pu déminer le sujet.
Trois principaux défis pour l'association:
1. Comment gérer les sanctions ? Comme dans tout groupe, à fortiori avec des personnes vivants dans des conditions si éprouvantes, des incidents peuvent éclater. La question des sanctions se posent. Prises de manière collégiale pendant un conseil d'administration, leur sévérité est toujours sujet à de âpres discussions : cruel de priver ceux qui n'ont déjà presque rien.
2. Ne pas vivre d'aumône mais de travail. L'association Mains libres refuse d'organiser de grands quêtes pour assurer son fonctionnement, elle préfère avec ses usagers réaliser différentes prestations. L'une des principales était la tenue du vestiaire lors d'un grand bal solidaire au Palais de la Bourse, fête disparue en raison du Covid. Donc si vous avez besoin d'une équipe rôdée pour gérer un vestiaire, n'hésitez pas à les contacter, la bagagerie c'est leur métier !
3. Renouveler le vivier de bénévoles. Avec 40 bénévoles, et un noyau dur de 15 personnes, Mains Libres est capable d'assurer ses missions mais souhaite mettre le pied à l'étrier à de jeunes bénévoles pour assurer la pérennité à long-terme. Pour postuler, c'est ici
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